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Esprit Prospectif
28 février 2022

De l'idée au projet et du projet à la création d'entreprise en R.D. Congo

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Par Jean-Luc MULYANGA 

Passer de l’idée au projet et du projet à la création d’entreprise en R.D. Congo est-il impossible ? Qu’en est-il de l’éducation entrepreneuriale en R.D. Congo, en vue d’une possible indépendance économique ? Notre réflexion, bien qu’une tentative de réponse à ces questions, se donne à (re)penser la question entrepreneuriale dans le contexte congolais pour une vie économique viable. 

 Introduction

Il est évident que la R.D. Congo ne crée pas assez d’entreprises et d’emplois pour sa population. Pendant que la pauvreté matérielle frappe de plein fouet la majorité de la population, l’État congolais n’offre pas d’issues au chômage. L’expérience montre que les diplômes ne suffisent plus pour garantir un minimum vital. Il devient nécessaire de passer du langage de « l’impossible micro (auto)-entrepreneur[1] » à celui du « possible micro (auto)-entrepreneur » en R.D. Congo. Pour mieux le dire, il faut changer de paradigme afin de sortir les Congolaises et Congolais du carcan et de la culture de la dépendance en matière entrepreneuriale. Et pour y arriver : il s’impose de partir d’une idée – la représentation mentale d’une chose – et, devenant un projet – la matérialisation d’une idée –, aboutir à la réalisation, voire à la création effective d’une entreprise – unité économique de production de biens ou de services –. Car, c’est dans et par l’idée que certaines initiatives prennent leur naissance. C’est bien la pensée qui déclenche l’action. Ainsi, dans le cadre de l’entrepreneuriat, c’est d’abord l’idée qui précède une quelconque création ou réalisation. C’est, donc, dans cette logique que notre réflexion se ramènera à une invite à « l’invention des possibles »[2]en R.D. Congo. 

Partant d’un regard analytique sur les faits sociaux, trois moments constitueront l’architecture de notre propos. Dans un premier temps, nous mettrons en procès l’éducation entrepreneuriale des Jeunes de la R.D. Congo (1) ; puis, nous expliquerons comment l’idée peut et doit devenir un projet (2) ; et en fin de compte, nous déboucherons notre réflexion sur la thèse selon laquelle l’idée-projet est appelée à se concrétiser ou à se réaliser dans un contexte congolais (3). 

Le sujet que nous nous proposons d’aborder nous semble délicat, car les solutions aux problèmes dans l’entrepreneuriat dépendent, généralement, de la situation de chacun, mais plus encore, du domaine d’activités dans lequel l’on voudrait se lancer, ainsi que de ses propres compétences et expériences ou éducations entrepreneuriales. Aussi, bien qu’en général il n’existe pas de recettes ponctuelles pour lancer une nouvelle entreprise, il existe pourtant des théories et des techniques que l’on peut apprendre pour transformer une idée en projet, et un projet en une entreprise. Cette dissertation pourrait donc permettre aux uns comme aux autres de partir du bon pied dans la création d’entreprise en R.D. Congo[3]

I. Promouvoir l’éducation entrepreneuriale au Congo

En R.D. Congo, il urge d’arriver à une « pédagogie différenciée »[4]. Les systèmes congolais d’éducation semblent nous fournir des connaissances séparées et cloisonnées en lieu et place de nous préparer à affronter la complexité du monde, de la vie, de nos sociétés, de la mondialisation, des êtres humains, etc. En principe, ces systèmes devraient aussi nous enseigner à traiter les problèmes qui sont à la fois fondamentaux et globaux en envisageant leurs caractères systémiques, les interactions et les rétroactions tout-parties[5]. Bref, le système éducatif congolais semble ne servir à grand-chose dans le domaine entrepreneurial. Aussi, comment arriver à une autonomie entrepreneuriale si le pays lui-même continue à baigner dans une politique de la main tendue ? La R.D. Congo semble, depuis son indépendance, n’avoir pas évolué du point de vue de son économie. Elle se retrouve comme perdue dans le labyrinthe de l’économie coloniale qui consiste à exporter les matières premières brutes pour le compte de la puissance dominante, et dans le cas de figure pour le compte de ceux qui imposent leur marionnette au pouvoir en R.D. Congo. C’est ainsi que la R.D. Congo se retrouve non seulement comme perdue mais enfermée dans la politique de la dépendance et de la main tendue. Aussi, sans la main étrangère, elle court à la famine, car son riz, son maïs, sa viande, sa tomate ainsi que tout ce qu’il lui faut pour la (sur)vie de sa population proviennent, en majeure partie, de l’étranger[6]

Le système éducatif congolais doit former des Congolaises et des Congolais à l’excellence pouvant les aider à assurer, avec aisance et responsabilité, l’avenir radieux du pays. Malheureusement, il s’observe une décadence dans son système éducatif. L’administration entretient chez des Congolais en étude une certaine forme d’abrutissement[7]. L’éducation à l’entrepreneuriat des Congolais semble ne pas être une des priorités pour l’État. Et pourtant, elle a un rôle fondamental à jouer dans l’émergence du pays. L’éducation est et reste un des secteurs clés pour sortir le pays de cette forme d’emprisonnement mental, de cette dépendance économique, morale, etc. Nelson Mandela, ne va-t-il pas nous instruire quand il dit : « L’éducation est l’arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde » ? Très inévitablement, l’éducation reste la clé décisive du développement d’un pays.  

III.1. Guide pour la création d’entreprise 

Dans cette analyse, nous nous limiterons à brasser des conseils sur la création d’entreprise en adaptant le contexte qui est le nôtre (le contexte congolais). En effet, la création d’entreprise n’est pas une mince affaire. Démarrer une entreprise et en assurer la survie peut représenter un véritable défi même pour les entrepreneurs les plus zélés. Certaines statistiques dans le domaine entrepreneurial révèlent que la plupart des nouvelles entreprises ferment leurs portes avant leur cinquième anniversaire.

Certaines étapes constitueront un guide plus ou moins explicite pour aider les filles et fils du Congo à créer leur entreprise avec enthousiasme, audace, persévérance et optimisme. Il va s’agir des éléments comme : La conception d’une idée ; l’étude du marché ; l’établissement d’un plan d’affaires ; la structuration ; et la création de l’entreprise. 

III.1.1. La conception d’une idée

« Tout projet de création d’entreprise commence par une idée »[8]. Le terminus a quo est donc de trouver une idée de création d’entreprise. Celle-ci devra devenir un projet par lequel devra naître une entreprise. Cette idée devrait naître de l’expérience de chacun – également de l’analyse de la situation du milieu de vie de chacun –, de ses motivations, de ses compétences, de ses aspirations, de son savoir-faire ou d’un simple concours de circonstances ou d’événements, mais aussi des autres. Il s’agit, donc, de se concevoir une idée qui devra murir et croître avec le temps pour arriver à destination : la création d’entreprise. 

Quelle que soit son origine, l’idée ne représente, au départ, rien de bien concret. Pour passer à un projet réaliste, il sied de la définir et de l’évaluer en tenant compte des caractéristiques du produit ou du service envisagé, de l’utilité, de l’usage, des performances prévues pour le service en question, de grands principes de fonctionnement de l’entreprise à créer. Après la conception de l’idée, il faut tenter d’étudier le marché. 

III.1.2. L’étude du marché

Certaines entreprises florissantes ont commencé par une idée brillante. Une recherche et une planification minutieuses du marché importent pour innover. Ainsi, une commercialisation réussie d’un produit ou d’un service dépend d’une foule de facteurs, dont le design, les caractéristiques, les avantages, le prix, la marge bénéficiaire, la sécurité, le service, l’image, la durabilité, l’emballage, les primes d’encouragement et les prévisions de vente[9]

L’étude du marché a pour principal objectif de réduire les risques d’échec, en permettant de prendre les mesures adéquates pour s’insérer durablement sur le marché et, à plus long terme, de mieux cerner les forces en présence. L’étude de marché doit donc rassembler le maximum d’informations susceptibles d’identifier les opportunités du marché et de prendre la décision d’aller plus loin dans l’analyse. Ainsi, avant de se lancer dans les affaires, il est nécessaire d’identifier les contraintes (les barrières) et les clés de succès du marché. Mieux connaître les grandes tendances et les acteurs du marché, donne l’opportunité de bien se lancer[10]. Cela étant fait, l’établissement d’un plan d’affaires devra s’annoncer. 

III.1.3. L’établissement d’un plan d’affaires

Établir un plan d’affaires qui décrit le projet d’entreprise et qui indique comment le réaliser, est d’une importance capitale. Ce plan d’affaires doit avoir des éléments tels qu’un capital, une évaluation du marché, une description du produit ou service, une forme de l’entreprise, des prévisions, des investissements, des sources d’information consultées et des recherches effectuées, etc. Le plan d’affaires doit être clair et complet. Il n’a pas besoin d’être long, mais doit aborder tous les aspects importants de l’entreprise. Et parce qu’un plan d’affaires est plus qu’un document comptable, il est conseillé de le soumettre à des experts, tels que des comptables et des avocats ou d’autres entrepreneurs expérimentés. C’est un outil très utile qui guide et indique l’orientation à donner à l’entreprise[11]. Après avoir établi le plan d’affaires, il importe de structurer et de créer enfin l’entreprise.

III.1.4. La structuration et la création d’entreprise

Au début d’une entreprise, il est important de choisir la structure qui correspond le mieux aux objectifs prescrits. José Muzingu montre qu’il existe trois types de structure juridique possibles pour une entreprise : l’entreprise individuelle, la société de personnes (qui est une forme d’entreprise individuelle) et la société de capitaux[12], tout en notant que chacune comporte ses propres caractéristiques. 

Certes, c’est l’idée qui appert avec évidence au démarrage d’une entreprise. Mais, son lancement nécessite un financement adéquat. Car, le financement est l’oxygène indispensable à la survie d’une entreprise ; s’il vient à manquer, il est fort probable que celle-ci mourra, même si elle a beaucoup de potentiels. Les entrepreneurs qui réussissent font, à l’avance, des démarches pour s’assurer qu’ils auront accès au financement nécessaire. Une fois que l’entreprise est créée, il s’impose d’en prendre soin comme de l’eau à verser en vue de la croissance d’une plante.  

Conclusion

En péroraison, disons que notre propos a commencé par donner la certitude selon laquelle les Congolais peuvent passer du langage de « l’impossible micro (auto)-entrepreneur » à celui du « possible micro (auto)-entrepreneur ». De toute évidence, ils sont et ont eux-mêmes les ressources, la capacité et la force nécessaires pour assurer leur indépendance économique. Ainsi, de ce périple réflexif, plusieurs leçons sont au rendez-vous dans la création d’entreprise au Congo. Nous en avons saisi l’aubaine pour en décliner entre autres : partir d’une idée ; arriver à convertir l’idée en projet (Idée-projet) ; et tenir à ce que cette idée-projet se concrétise en création d’entreprise. Et pour y parvenir, notre dissertation s’est polarisée sur trois axes. D’abord, la mise en procès de l’éducation entrepreneuriale des Congolaises et Congolais. Ensuite, la conversion de l’idée en projet. Et enfin, le processus de l’idée devenue projet dans la création d’entreprise en R.D. Congo.  

 

 



[1] En effet, aujourd’hui on préfère dire Micro-entrepreneurau lieu d’Auto-entrepreneurqui était utilisé avant. 

[2] Cf. F.-B. MABASI BAKABANA, L’invention des possibles. La rationalité technoscientifique face au défi du sous-développement en Afrique subsaharienne, Academia, Paris, 2014, pp. 4-6.

[3] Nous reprenons autrement, ici, ce que dit le Dr José MUZUNGUà l’entame de son ouvrage : Transformez vos idées en entreprise prospère, Simple Book Publishing, Texas, 2016, pp. 3-5.

[4] La « pédagogie différenciée » ou « différenciation pédagogique » consiste à modifier la manière d’enseigner pour s’adapter aux élèves dans des contextes qui leur sont propres. 

[5] Ce que dit autrement E. MORIN, Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Points, Paris, 2015, pp. 4-7.

[6] Cf. J.-C. MANZUETO, L’âme perdue d’une nation. Devant le désarroi d’un peuple, Éd. JCM, Johannesburg, 2015, pp. 85-86. 

[7] Cf. MABIKAKALANDA, La remise en question. Base de décolonisation mentale, Remarques africaines, Bruxelles, 1967, p. 55. 

[8] Ibid., p. 13. 

[9] Cf. Ibid., p. 16. 

[10] Cf. Ibid., p. 17.

[11] Cf. Ibid., pp. 18-19. 

[12] Cf. Ibid., p. 19.

 

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