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Esprit Prospectif
31 mars 2021

Du développement personnel au développement collectif

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Par Jean-Luc MULYANGA

  1. Nous pensons que pour arriver à un développement collectif, urge-t-il de commencer par celui personnel. Pour arriver à un engagement collectif, importe-t-il de démarrer par celui personnel. « Que dois-je faire ? » est l’essentielle question devant intervenir avant « Que devons-nous faire ? »[1].
  2. Cette dissertation se propose, donc, d’être une invitation à la volonté de s’engager, de se développer personnellement avant d’envisager le collectif. Car, il urge de « changer soi pour changer la société ». Puisque l’individu est membre de la société, son développement se répercutera de façon évidente sur la société entière. En développant soi, l’on arrive à développer toute une société. Ainsi, plus grand sera le nombre des développés, plus grand sera le développement au niveau de la société tout entière. 
  3. L’homme, dans son sens d’être (son essence), est continuellement poussé à quitter le « moins-être » vers le « mieux-être » ; à passer des conditions infrahumaines vers celles plus humaines ; à traverser le stade de la « petite enfance » ou de la « grande nuit » vers celui de la raison ; de l’état métaphysique vers celui positif. C’est tout un développement voire un changement des mentalités auquel l’homme est porté. C’est tout un développement du capital humain auquel l’homme est, vivement, convié. 
  4. Le philosophe et l’homme politique camerounais Ébénézer Njoh Mouelle, dans son manifeste[2], examine le thème du développement pour en dégager une signification objective et équilibrée. Pour lui, le « véritable » développement serait celui qui permettrait l’émergence d’hommes créateurs parce que « libres » et « capables » de le demeurer. Il établit, ainsi, deux fonctions du développement : promouvoir l’excellence de l’homme en réduisant la médiocrité et fournir en permanence à l’excellence ainsi promue les conditions chaque fois nécessaires à sa réaffirmation. Est-ce que chaque individu se sent prêt de passer de la médiocrité à l’excellence dans le train-train de sa vie quotidienne ? 
  5. Le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, quant à lui, dans son œuvre philosophique magistrale[3], remet farouchement l’homme en question. Pour lui, l’homme doit arriver à quitter l’étape de la bête vers celle du surhomme : du chameau au lion, et du lion à l’homme (l’enfant). L’homme doit abandonner ce qui n’est pas voulu ; rejeter tout ce qui est subi. C’est là tout le sens du fameux : « Deviens celui que tu es ». À force de rester claquemuré sur ce qui est déjà dit, on court le risque de ne jamais se développer mais de stagner, de ne jamais viser un « mieux-vivre » voire un « mieux-être » mais de demeurer indemne, de ne pas oser d’autres alternatives mais de se contenter du « déjà-là », de ne pas tenter autres choses… Le surhomme nietzschéen est celui qui a la plus grande diversité d’instincts qui s’opposent puissamment mais qu’il maîtrise. Certes, la pensée de Nietzsche est un défi permanent. Mais, faut-il rester figé à ce qui est (mal)dit et ne jamais chercher à le dire autrement ? Dans un État où les gouvernants sont indifférents aux cris du peuple, ne serait-il pas conquérant d’user d’une certaine « philosophie subversive » ? 
  6. Le 35ème président des États-Unis John Fitzgerald Kennedy, ne va-t-il pas nous instruire quand il affirme : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays » ? En effet, il est là question d’un engagement proprement individuel (ce que je peux faire) envers le collectif (le pays). Sans aucun doute, même si ce que l’on ferait ne serait peut-être pas assez : essayons quand même[4] !
  7. Pour sa part, Paul VI, dans sa Lettre encyclique[5] parle du développent intégral de l’homme. Pour lui, le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Car pour être authentique, il doit être intégral. C’est-à-dire promouvoir « tout homme et tout l’homme ». Il n’est, donc, pas question d’accepter de séparer l’économique de l’humain ou le développement des civilisations. Mais de considérer chaque homme, chaque groupement d’hommes, jusqu’à l’humanité tout entière.  
  8. Il est temps de « penser local afin d’agir global ». Le développement devient, ainsi, l’autre nom de la libération contre tout ce qui aliène l'homme, contre toute forme de paupérisation et de domination. C'est, fondamentalement, le passage de l'existence d’une vie moins bonne à celle meilleure. 
  9. Que chacun, donc, s’engage individuellement en vue de favoriser un engagement collectif. Chacun est et a lui-même les ressources, la capacité et la force nécessaires pour assurer son futur exodique[6]. Bref, c’est du développement personnel qu’on peut déboucher au développement collectif. 


[1] Nous mettons, ici, en épochè l’idée selon laquelle notre réflexion n’est pas une lutte contre la communauté ou la société. Mais, simplement, une invitation à s’engager « d’abord » personnellement avant d’embarquer aussi la communauté ou la société dans cet engagement.   

[2] De la médiocrité à l’excellence. Essai sur la signification humaine du développement, Yaoundé, Clé, 2013. 

[3] Ainsi parlait Zarathoustra(Traduction et édition de Georges-Arthur Goldschmidt), Paris, Le Livre de Poche, 1972. 

[4] Cf. OBAMA B., Une terre promise, Paris, Fayard, 2020, p. 573. 

[5] Cf. PAUL VI (Pape),Populorum progressio. Lettre encyclique sur le développement des peuples, du 26 mars 1967, n. 14. 

[6] Cf. ASSANE MAYAKI I., L’Afrique à l’heure des choix. Manifeste pour des solutions panafricaines, Paris, Armand Colin, 2018, p. 11. 

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Commentaires
J
Cher Junior,<br /> <br /> Merci du retour.<br /> <br /> Oui, avant d’être un Homme.... il y a beaucoup à faire.<br /> <br /> Je suis en processus de publication d’un livre qui revient sur le développement personnel.<br /> <br /> Let’s stay connected connected !
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J
Merci beaucoup chez sociologue, les hommes ont un encore un parcours à faire avant d'être Homme.
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