La philosophie de la chaise : Un Anti-Covid-19 ?

Par Jean-Luc MULYANGA

 Première version publiée sur congodurable

1. Face à cette deuxième vague de la Covid-19, il devient important de revenir sur un des moyens suscpetibles d'éviter la propagation du virus : La philosophie de la chaise. Une théorie qui nous invite à rester chez soi (StayAtHome) afin de lutter, conséquemment, non seulement contre cette deuxième vague mais encore et surtout contre le virus dans tous ses contours.

2. Tenu à l’écart à cause de ce Coronavirus (Covid-19), conditionné à rester chez moi comme un prisonnier avec une liberté conditionnelle, limité dans mes actions quotidiennes par un couvre-feu jugé utile : je ne manque pas de me heurter devant une interminable liste des questions qui déménagent mon attention : Qui suis-je ? Où suis-je ? D’où suis-je venu ? Où vais-je ? Que dois-je croire ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer pendant cette épreuve ?…

3. De ces questions qui bousculent plus mon fond intérieur qu’extérieur, je me suis proposé de trouver un vrai compagnon de lutte contre la propagation de la Covid-19 : la chaise. Faire de la chaise un compagnon de lutte, c’est accepter de « rester chez moi » et de lutter, tant bien que mal, contre la propagation de la Covid-19, c’est rendre service à l’autre qui est ma part d’humanité – le ce sans quoi je ne saurai me définir –, c’est réfléchir sur ma vie et ma relation avec mon Créateur, c’est lutter contre la compagnie de Magellan – compagnie de ceux qui aiment faire le tour du monde –, c'est profiter de ce temps (d'inaction) en le rendant utile et bénéfique, c’est apprendre à me connaître et à laisser la nature aux dieux, comme le dirait mieux Socrate. 

4. Ce propos se veut une des possibles réflexions, parmi tant d'autres, sur une chose : la chaise. Savoir ce qu’est la chaise dans sa quintessence, sa vocation, sa symbolique dans la vie de l’homme devant respeter certaines mesures, balise le chemin d’une lutte contre la propagation de la Covid-19. 

5. De par son origine latine sella, la chaise est un meuble formé d’un siège, de pieds, d’un dossier, et parfois d’accoudoirs, sur lequel ou dans lequel une personne peut s’asseoir. C’est aussi « un ami » pour ceux qui ont compris, pendant ce temps de crise sanitaire, que rien ne sert de sortir de chez soi pour trouver le bonheur, sinon créer le malheur. C’est encore « un ami » pour ceux qui réalisent que la vie mérite, souvent, une réflexion de seul à seul. Ce moment, me permet de dire autrement comme Augustin d’Hippone dans les Confessions quant à sa recherche de Dieu : 

« Je vous ai aimée tard, Beauté si ancienne et si nouvelle ! Je vous ai aimée tard. Or, vous étiez au dedans de moi et moi au-dehors, et c’est là que je vous cherchais ; je poursuivais de ma laideur la beauté de vos créatures. Vous étiez avec moi et je n’étais pas avec vous, retenu loin de vous par tout ce qui sans vous ne serait que néant. Vous m’avez appelé, vous avez crié, vous avez rompu ma surdité. Vous avez jeté des étincelles, vous avez resplendi, vous avez chassé mon aveuglement. Vous avez répandu votre parfum, je l’ai respiré et j’aspire après vous. Je vous ai goûtée, et j’ai faim et soif. Vous m’avez touché, et j’ai brûlé du désir de votre paix. » [Livre 10, Chap. 27].

6. Tout part d’un constat, mieux d’un étonnement – du type philosophique – : Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?

7. Faisant une possible herméneutique sur ce qu’est la chaise, j’ai compris qu’elle valait beaucoup pour entrer dans un monde intérieur et s’y rencontrer. De cette rencontre de seul à seul, c’est la réflexion sur ce qui est essentiel, utile et agréable dans la vie qui s’y invite sans évitement aucun. La position assise nous invite à l’écoute de l’essentiel dans le silence, à un intérêt particulier, à une attention soutenue sur le cours des évènements, à ne pas fuir sa propre réalité, bref à être soi-même.

8. La philosophie de la chaise invite à s’arrêter un instant, et attendre le kairos (le moment favorable) pour se lever, pour s'engager, pour oser, pour penser et pour agir. La réflexion assise importe. Il suffit d’avoir « un derrière en plomb » pour comprendre cette incise. De fois, quand le cerveau n’est pas aéré, c’est tout un brouhaha dans la conduite et l’agir de l’humain. D'autant plus que l'homme finit par agir comme il pense, et à penser comme il agit.

9. Cette philosophie n’est pas à comprendre comme un appel à un renfermement (solipsisme) de soi au risque d’être comme une tombe, mais une contribution ou un conseil pour lutter ensemble contre la propagation de la Covid-19. Cette philosophie invite, non à vivre les « uns à côté des autres » mais à vivre « les uns avec les autres » par des moyens de communication à distance, susceptibles de renforcer amplement les relations. L’homme est, et reste un être-avec-autrui, à distance ou non. Cette philosophie apprend le sens de discernement ; apprend à tirer de l’ancien quelque chose de neuf ; apprend à équilibrer le sens de la vie ; invite à un bilan solitaire pour mieux décoller après cette épreuve. 

Restons chez nous !

1. Ensemble, luttons contre la propagation de la Covid-19 en respectant ce qui nous est demandé et nous vaincrons !