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Esprit Prospectif
24 décembre 2020

Noël : De l'espérance pour la femme congolaise victime de violences

 

 

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Par Jean-Luc MULYANGA

 

Première version publiée sur congodurable (décembre 2019)

 

  1. Chaque année nous fêtons Noël. Quelle nouveauté dans nos vies ? Quel nouvel impact dans nos cœurs ? Quelle nouvelle espérance pour ces hommes et femmes pour qui, leur quotidien est une vie à genoux ? Cette réflexion sur la Noël, invite à donner sens à cette fête. Un sens qui n'est pas commun mais qui se veut propre et particulier. Chacun est convié à faire de son cœur, de sa vie et de son être une "chrèche" (demeure) afin que l'Enfant Jésus y naisse et y demeure. Car, avec foi, sa naissance apportera consolation, courage, persévérance, relèvement, solution, réponse, soulagement, paix, joie, bonheur, guérison, espérance, etc. Et cela, dans la situation personnelle de chacun. C'est la naissance de l'Enfant Jésus qui pourra dissiper nos doutes, illuminer nos ténèbres, tranquiliser nos tourments, consoler nos afflictions, guérir nos meutrissures, etc.
  2. Nous réfléchissons, dans ce texte, sur la fête de Noël non dans la perspective traditionnelle du Dieu incarné pour le monde en générale, mais pour un cas déterminé de la femme congolaise victime de violences de tout genre et de toute sorte. 
  3. Le Pape Jean-Paul II, lors de ses nombreux voyages en Afrique et particulièrement en R.D. Congo, n’a cessé de rappeler que « le Christ est aussi Africain dans ses membres ». De ce fait, le jour de Noël est un jour de fête et de joie, de paix et de consolation, de guérison et d’espérance qu’apporte le Christ fait chair aussi bien pour tout le monde que pour cette femme congolaise victime de violences. 
  4. L’Afrique, surnommée « continent des catastrophes » retient notre attention quant au cas de la femme en R.D. Congo (dans sa partie de l’Est)  en laquelle Christ s’incarne pour devenir ''Congolais'' avec les Congolaises et Congolais  qui est régulièrement victime de violence (harcèlement sexuel, traite, mutilations d’organes, mariages forcé et précoce, crime d’honneur, féminicide, infanticide des filles, …). 
  5. Dans son « Discours à Oslo », le Docteur Dénis Mukwege (Prix Nobel de la Paix 2018) n’a pas oublié de mentionner que certaines milices usent de la violence comme arme de guerre pour détruire l’individu (la femme), sa famille, voire son tissu social. Face à cela, Noël s’annonce absurde pour cette femme victime de violences. Car, comment lui dire que Dieu l’aime ? Que Christ s'est fait chair pour lui apporter un chemin d’espérance ? Elle pour qui la paix n’est qu’un mot étranger et incompréhensible ; la brutalité et le traumatisme sont devenus partie intégrante de sa vie et de sa personnalité. À Dénis Mukwege d'ajouter que la violence est devenue une nouvelle réalité en R.D. Congo. Nouvelle réalité bien orchestrée par certaines autorités de la place sans gêne ni vergogne. Beni est un des cas très récurrent qui retient avec peine notre attention. Beni est une ville qui vit un cas très alarmant en matière de violence. Ainsi, nous nous rallions aux côtés des membres du Réseau des Femmes parlementaires qui ont dénoncé en déclarant, dans un communiqué du mardi 03 décembre 2019 que « le génocide de Beni et surtout la passivité de l’armée et de la Monusco », semblent palpitants.
  6. Dans notre pays la R.D. Congo, la belligérance qui s'est installée au cours de ces dix dernières années dans la Province Orientale s'est avérée désastreuse, surtout pour les violences sexuelles orchestrées à l'endroit de la femme. Cette dernière a constitué la cible et, est victime de viol de tous les groupes armés qui se sont affrontés en Ituri et ailleursCette cruauté quasi-naturelle à l'endroit de la femme s'est renforcée avec l'irruption de la guerre en R.D. Congo dès 1996, et particulièrement avec la guerre de 1998, comme nous le fait remarquer Rigobert Minani Bihuzo. De cet auteur, père jésuite primé pour son activité d’éveil des consciences et bachelier en philosophie, nous comprenons que les violences sexuelles exercées par les groupes armés de nos jours sont devenues une pratique (monnaie) courante. Des jeunes filles sont enlevées par des hommes armés, maintenues en détention et réduites en esclaves sexuelles. Elles sont violées, obligées d'accomplir des travaux domestiques et de se soumettre aux mariages forcés avec les membres des diverses factions, et parfois jusqu'au paiement d'une rançon exigée par les milices. 
  7. Par ce texte, nous soutenons la lutte de la femme contre la violence en notant qu’« aucune paix durable ne peut être construite sur l'impunité, sur des fosses communes, sans vérité ni réconciliation, sans justice ni réparation » (D. Mukwege). En Ituri, par exemple, le rapport de Human Rights Watch établit qu'en deux années et demi (juin 2003 - janvier 2005) plus de 3500 femmes dont l'âge varie entre 8 mois et 88 ans ont été victimes des violences sexuelles. Ces milliers des femmes et jeunes filles ont subi des viols collectifs, des enlèvements par des combattants pour servir d'esclaves (objets) sexuelles pendant de longues périodes. D'autres ont été mutilées ou grièvement blessées par des objets introduits dans leur appareil génital. D'autres encore, qui s'étaient défendues lors de l'agression, ont été tuées sans regret ni pitié. Ainsi les violences sexuelles dans les zones sensibles, connaissent une recrudescence sans précédent. 
  8. La fête de Noël est pour cette femme (victime de turpitudes), un chemin d’espérance pour une vie meilleure, une vie d’acceptation de soi et de guérison totale (physique, spirituelle, psychique, mentale, etc). La fête de Noël est aussi pour cette femme, un goût nouveau à la vie. La femme victime de violence doit, en lieu et place, de lutter contre sa souffrance, l’accepter, la comprendre et la surmonter.
  9. Jésus est l’espérance de tous. Et à plus forte raison, l’espérance de cette femme congolaise victime de violences. Comme le dira Bénézet Bujo dans Dieu devient homme en Afrique noire : « Noël, n’est pas une fête de la bière, ou motif d’une consommation déshumanisante ; Noël n’est pas non plus une fête qui s’évapore dans un romantisme de quelques heures ou de quelques jours. Noël, doit nous plonger par contre dans les problèmes spécifiquement existentiels ». Et le cas échéant, la femme congolaise victime de violences de tout genre. 
  10. La venue du Christ est pour le monde en générale un chemin de joie, et pour la femme congolaise victime de violence en particulier, un chemin d’espérance. La restauration de l’humanité que consacre l’Incarnation doit nous procurer la joie en plénitude. La joie que Dieu éprouve en réalisant son dessein de rédemption. La joie qu’exprime Marie dans le Magnificat. La joie qui fait tressaillir d’allégresse Jean Baptiste dans le sein d’Élisabeth. La joie pour cette femme victime de violence de retrouver sa guérison, sa justice et son espérance en Christ fait chair. De la sorte, cette femme devra comprendre, par la Noël, que même si une situation est difficile et semble désespérée, avec la détermination, il y a toujours de l’espoir au bout du tunnel. 
  11. Lorsqu'on fait de son cœur une "crèche" (demeure) de l'Enfant Jésus, on ouvre la voie à ce que Jésus restaure nos relations brisées, qu'Il nous fournisse une vie bien ordonée et organisée, et qu'Il nous assure un destin éternel. 
  12. Bonne fête de Noël à toutes et à tous ! 

                                                                                  

 

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