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Esprit Prospectif
19 octobre 2020

Du financement du secteur agricole comme voie de réduction de la pauvreté en R.D. Congo

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                        Par Gracias KISOKI & Jean-Luc MULYANGA

 

Résumé 

1. Cet article met en exergue un secteur pouvant constituer un véritable moteur d’amélioration des conditions de vie des Congolais, si ces derniers arrivent à cerner son impact dans la création des richesses : le secteur agricole. Malheureusement en R.D. Congo, ce secteur est considéré comme une activité de basse classe. Il en est de même pour certains acteurs nationaux ou internationaux qui ne tiennent que rarement à financer ce secteur en le sous-estimant ou en l’écartant du processus de développement de la R.D. Congo. Pour notre part, le secteur agricole, soutenu par un mécanisme de financement adéquat, vaudra son pesant d’or dans le développement. 

 

Abstract

2. This article highlights a sector that could constitute a veritable driving force for improving the living conditions of the Congolese if they manage to understand its impact on the creation of wealth : the agricultural sector. Unfortunately, in DR Congo, this the sector is considered a low-class activity. So is for some national or international players who take rarely in account the agricultural sector for investment by underestimating it or by simply removing it from the development process of DR Congo. In our point of view, the agricultural sector, supported by adequate financial mechanisms, is worthy.

 

Introduction

3. Dès l’entame, nous mettons en épochè le détail selon lequel notre analyse ne prétend pas éradiquer ou extirper la pauvreté en R.D. Congo, mais que c’est une tentative à la réduction du ‘‘phénomène pauvreté’’ au sein de l’un des pays éventuellement nantis qui serait, selon les données de ma Banque Mondiale (BM), le troisième pays pauvre de la planète. 

4. Plus grand pays d’Afrique francophone, la République Démocratique du Congo (RDC)[1]possède d’immenses ressources naturelles et une population de plus de 91 millions d’habitants[2], dont moins de 40 % vivent en milieu urbain. Avec ses 120 millions d’hectares de terres arables[3]et plus de 1 100 minéraux et métaux précieux répertoriés, la R.D. Congo pourrait devenir selon la Banque mondiale (BM), l’un des pays les plus riches du continent africain et l’un de ses moteurs de croissance ‘‘si elle parvenait à surmonter son instabilité politique et à améliorer sa gouvernance’’[4]. Nonobstant ses innombrables et incommensurables ressources minières, la R.D. Congo reste un vaste pays à vocation agricole, avec une population dont la majorité vit en milieu rural et dépend essentiellement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Jadis active dans l’exportation des produits agricoles variés, la R.D. Congo se trouve aujourd’hui dans une situation sans commune mesure avec ses potentialités agricoles. En dépit de ses grandes étendues de terres arables, son important réseau hydrographique, sa diversité de climats, son potentielle halieutique et d’élevage considérable, la R.D. Congo se classe parmi les pays déficitaires en matière agricole et de sécurité alimentaire[5]. L'extrême pauvreté se concentre dans les régions du Nord-Ouest et des deux Kasaï. Au regard des chiffres présentés par la Banque mondiale (BM), triste est de constater que la lutte contre la pauvreté en R.D. Congo est loin d’être gagnée. Le développement de l’Afrique, et par-delà celui de la R.D. Congo semble stagner et ne sait partir (décoller) ; pas avant un « lointain demain »[6].

5. La croissance économique observée au cours de la période 2005 et 2012, a été associée à une réduction modérée de la pauvreté en R.D. Congo. Au cours de cette période, le taux de pauvreté a diminué de 5,3 points de pourcentage, passant de 69,3 % en 2005 à 64 % en 2012. Bien que la pauvreté soit un phénomène rural dans la plupart des pays d’Afrique, la réduction de la pauvreté en R.D. Congo a été légèrement plus importante dans les zones rurales ; 5,6 points de pourcentage contre 4,1 points de pourcentage dans les zones urbaines.[7]

6. En 2012, 77 % de la population vivait en situation d’extrême pauvreté, avec moins de 1,9 dollar par jour. Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale (BM), le taux d’extrême pauvreté serait d’environ 73 % en 2018, ce qui place la R.D. Congo parmi les pays d’Afrique subsaharienne avec la plus forte pauvreté après le Nigéria.

7. C’est, donc, dans cette logique de réflexion que nous présenterons notre analyse en deux temps. Le premier s’articulera autour de la Pauvreté comme concept et comme contenu. Le deuxième, sera pour nous l’occasion de traiter du secteur agricole comme un des atouts au développement de la R.D. Congo, atout susceptible de réduire la pauvreté sans prétention de la déraciner et de faire passer ce pays de la faim sans fin à la fin de la faim. 

 

Que dire brièvement ?

8. Le secteur agricole peut constituer (comme c’est le cas du Brésil où la production agricole constitue 40% des exportations et ¼ du PNB, et des Pays-Bas surnommé "la Silicon Valley de l’agriculture" qui occupe le rang de deuxième pays exportateur de produits agricoles du monde) un véritable moteur d’amélioration des conditions de vie des filles et fils du Congo. Réfléchir, donc, sur le « Financement du secteur agricole », peut nous faire passer de la faim sans fin à la fin de la faim ; et donc d’un état de vie médiocre à un état de vie amélioré. Se pencher sur la question du secteur agricole peut (re) mettre la R.D. Congo sur le chemin de l’émergence et d’un possible développement. Cela nécessite avant tout un engagement de public et privé. Parce que face au regard passif de l’État congolais qui s’investit plus dans le secteur minier, se tiennent les privés qui préfèrent investir dans le secteur des services et l’immobilier. 

9. La R.D. Congo, n’étant point un patrimoine privé, nécessite le concours des efforts de la population elle-même et de ses gouvernants. Car il n’est point illogique de cerner parmi les Congolais, ceux qui refusent le développement dans sa forme et son fond[8], surtout en ce qui concerne le secteur agricole. Pour Edson Mpyisi, Chief financial economistà la Banque Africaine de Développement (BAD) et coordinateur du programme ENABLE Youth, la nécessité de considérer le secteur agricole comme l’un des moteurs de développement d’un pays s’opère par une révolution des mentalités afin de commencer à voir l’agriculture comme un secteur sérieux, éloigné du maniement de la houe, mais intégré à la construction d’une chaine de valeur industrielle.[9]

10. Au demeurant, notre analyse a eu pour motivation profonde de réfléchir sur le financement du secteur agricole comme voie, parmi tant d’autres, de développement et de réduction de la pauvreté en R.D. Congo. Cette même analyse s’est articulée autour de deux axes majeurs. Le premier s’est préoccupé de la question de la Pauvreté dans son approche comme concept et comme contenu. Et le deuxième, a traité de l’une des voies possibles pour réduire la pauvreté en R.D. Congo qu’est le financement du secteur agricole.

11. Nous avons saisi l’occasion pour montrer que le secteur agricole devrait être l’un des secteurs parmi tant d’autres, à faire décoller la R.D. Congo à l’horizon 2050, à nous faire passer de la faim sans fin à la possible fin de la faim.

N.B. :Vous pouvez trouver l’intégralité de cet article dans la revue Argumentaction, Volume II, n°03, Lubumbashi, 2020 : “(Re)penser la pauvreté : la R.D. Congo à l’horizon 2050’’ (Pp. 79-98).

 


 

 

[1]À lire l’histoire de la R.D. Congo chez I. Ndaywel : Brève Histoire du Congo. Des origines à la République Démocratique, Kinshasa, Médiaspaul, 2015, p.17. Et aussi chez E. M’Bokolo : L’Afrique au XXesiècle. Le continent convoité, Éd. du Seuil, Paris, 1985, pp. 199-202.  

[2]Cf. Url : https://www.mediacongo.net/article-actualite-58889_population_la_rdc_compte_une_estimation_de_plus_de_91_millions_d_habitants_ins.html(consultée le 20 janvier 2020 à 14h56’).

[3]Cf. Url : https://rightsandresources.org/en/blog/digital-congo-french-pres-de-50-des-terres-arables-de-la-rdc-sont-bradees-selon-al-gore/#.XkJyBGgzY2w (page consultée le 20 janvier 2020 à 14h59’).

[4]https://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/overview(consultée le 21 janvier 2020 à 08h31’).

[5]A. Kabashi : Code agricole congolais. Commentaires et critiques, P.U.L., Lubumbashi, 2013.

[6]A. Meister : L’Afrique peut-elle partir ?, Éd. Seuil, Paris, 1966. 

[7]https://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/overview(consultée le 02 février 2020 à 10h14’).

[8]Nous pensons à A. Kabou : Et si l’Afrique refusait le développement ?,  Éd. L’Harmattan, Paris, 1991.

[9]I. Assane Mayaki : L’Afrique à l’heure des choix. Manifeste pour des solutions panafricaines, Éd.Armand Colin, Paris, 2018.

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