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Esprit Prospectif
21 septembre 2020

À toi femme

 

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Première version publiée sur maathot (mars 2019)

  

Par Jean-Luc MULYANGA

 

  1. C’est avec un cœur qui oscille à la fois entre la tristesse et la joie, que je couche ces lignes qui te sont adressées, toi femme Africaine. J’ai lu, vu, et entendu des choses sur toi ; j’ai essayé de comprendre ton histoire glorieuse à travers de beaux récits qui te sont régulièrement adressés, ton engagement pour faire respecter la dignité  et la valeur de celle avec qui tu partages le même genre. Dans cette lutte, n’oublie jamais ton rôle ultime en ce monde : donner, respecter et faire respecter la vie. Tu es l’âme de la société : celle qui transmet et qui lutte pour la vie ; tu joues donc le rôle de « mère génitrice », détentrice du secret de la fécondité de la terre. Chez certains peuples, tu es considérée comme délégation divine : celle qui détient le secret de la vie et de la mort.
  2. Dans le deuxième récit de la création de la tradition chrétienne, il est dit qu’à l’heure où Dieu te créait, l’homme était dans un profond sommeil (Cf. Genèse 2, 21) : « symbolique de la mort ». C’est quand Dieu t’amena à côté de l’homme que celui-ci s’écria : … c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! (Cf. Genèse 2, 23). L’on dirait que l’homme revient à la vie par ta médiation. En ce sens tu es celle qui « ré-veille » (sur) l’homme de son sommeil, de la dormition. C’est une réalité similaire que l’on rencontre dans la mythologie égyptienne d’Osiris et Isis.
  3. Dans ce récit mythique ton rôle se montre non seulement comme celui consistant à donner la vie, mais aussi de sauver la vie, de l’arracher aux forces du mal. En effet, c’est Isis qui ressuscite Osiris, c’est aussi elle qui donne naissance à Horus. Dans les deux cas c’est toi qui es artisane de la victoire de la vie sur la mort. Tu triomphes de la mort en ressuscitant Osiris et en donnant naissance à Horus. C’est un double aspect de « maternité » qui se déploie : résurrection et naissance.
  4. En considérant les lignes qui précèdent, l’on se rend compte que ton rôle est d’abord « maternel », non au sens d’une génitalité incontrôlée, mais au sens où tu es celle qui donne vie et tienne à la sauvegarder[1].
  5. Au regard de ce que tu représentes, dans notre société, t’opprimer c’est opprimer toute l’humanité : ce qui est une cruauté. Je m’insurge contre tout système social qui te relègue au second rang. Bien des fois tu es réduite au même titre que les biens matériels. Ainsi, même si, nous pouvons compter en Afrique quelques têtes parmi les femmes, il reste une large majorité de siennes qui se (re)trouvent condamner à l’analphabétisme, soit les familles privilégient les garçons à ton détriment, soit que les hommes choisissent celle de tes semblables illettrées pour s’assurer leur soumission en tout.
  6.  Chez nous, en Afrique, tu es épouse et mère, et bien souvent tu es évaluée en fonction de ta fécondité. Dès le bas âge, nous le remarquons dans nos familles, nos mères te préparent à assumer son rôle à la perfection. En dépit de tout ce que tu subis comme réalités malencontreuses, en dépit de tout ce que tu vis comme horreur, je continue à croire que tu as encore le rôle de Ruth à jouer sur ce continent qui est encore dans la douleur de l’enfantement. Un enfantement dont seuls le Créateur et toi connaissez le prix.
  7.  En effet, le récit du livre de Ruth se situe au temps des Juges, à l’époque de Chamgar (Cf. Juges 3, 31) ou celle de Gédéon où Israël souffrant de la famine à cause des incursions Madianites (Cf. Juges 6, 2-6). Le livre se situe dans une époque troublée de l’histoire d’Israël marquée par l’insécurité et la décadence religieuse et morale. Notre Afrique, éprouve aussi des difficultés de tout genre ; mais comme Ruth, la femme africaine peut aussi aider la société à surmonter les épreuves diverses et apporter sa pierre à la construction de l’édifice africaine. Une Afrique qui vit dans la quiétude et la prospérité. L’espérance ne trompe jamais ! Et Ruth en est la preuve féminine. Le livre exalte l’amitié, la piété filiale, la sollicitude pour ce que la vie a éprouvé, la fidélité dans les relations humaines et la foi en Dieu. Noémi, veuve qui se sent abandonnée de Dieu et promise à la mort est une figure du peuple désespéré.
  8.  Notre Afrique « hurle de douleur », mais avec toi femme Africaine, nous gardons l’espoir que tu continueras à élever ta voix et qu’elle sera entendue afin que la vie pour laquelle tu luttes, au propre et au figuré, soit respectée à sa juste valeur.  

 

 

 



[1] Cf. C. MUKADI : « Et si la femme jouait son rôle dans la société ? » in DIA, Éditorial n°8 du 03 au 09 Avril 2016. 

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