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Esprit Prospectif
7 septembre 2020

Et si la femme africaine se tenait, finalement, debout !

African_Beauty cf. https://www.huza.org/femmes-debout-et-du-courage/

 

Première version publiée sur congodurable (mars 2020)

Par Jean-Luc MULYANGA

 

  1. Notre propos entend réfléchir sur l’attitude à prendre pour la femme africaine, en vue de (re)trouver sa place en société, de respecter la vie qu’elle donne et de lutter pour cette vie afin que sa position « debout » soit utile à toute l’Afrique. Notre propos se résume en un appel à la (re)mise en conscience du rôle de la femme (rôle naturel : génitrice et mère ; rôle social : éducatrice) dans la société.
  2. Durant bien des années, la femme africaine a été déportée de façon stridente et pointue, si pas humiliante et inhumaine au second rang dans la société africaine. Certaines Nations africaines, vont jusqu’à institutionnaliser et idéologiser la marginalisation de la femme. Et cela, au lieu de bousculer cette dernière vers une attitude de non-acceptation de la place donnée (marginale et inférieure) : Elle se plait aux côtés d’autres femmes, dans cet état de vie. Et derechef, la femme africaine qui accepte de se considérer inférieure à l’homme, lui donne les occasions de la chosifier. La position “debout” permet à la femme de mettre en crise le machisme[1] (phallocratie) ou tout autre système qui la marginalise, en la rendant inhumaine et inexistante en société.
  3. Dans certaines coutumes, l’on va jusqu’à « interdire certains repas aux femmes ». Parfois, la femme est considérée comme une malédiction, de telle manière qu’il est même conseillé à un homme d’éviter à tout prix tout contact avec elle, avant d’affronter un moment décisif de la vie ou une activité à risque.
  4.  En cas d’adultère, elle est la « seule » à être méchamment punie, dans la plupart des traditions. Comme si l’on pouvait concevoir un délit d’adultère en mode solo.  Tacite qui parle des coutumes des germains dans son traité La Germanie[2] indique que la peine est uniquement infligée à la femme en cas d’adultère. Il dit : « Rasée, dépouillée de ses vêtements en présence des parents, la femme est chassée de la maison par le mari, qui la poursuit dans toute la bourgade à coups de fouet. Ni sa beauté ni son âge ni sa richesse ne permettront à cette femme de retrouver un mari »[3].
  5. Certaines attitudes sont appelées à changer au sein de nos sociétés africaines. Entre autres : Réduire (condamner) certaines femmes à l’analphabétisme, tenter de privilégier les études pour les garçons, ou le fait que les hommes choisissent des femmes illettrées pour s’assurer leur soumission en tout. Toutes ces conduites sont un crime et doivent être réprimées.
  6.  La condition de certaines femmes (matrones[4]) est de loin inférieure à celle de leurs femmes de ménage. La femme doit « se tenir debout » et brandir son droit en société. Ce n’est pas à la société l’idée de lui rendre pleinement la dignité. Sa dignité, comme femme, doit provenir d’elle-même. Elle doit militer plus sur le droit de la différence et le respect de sa dignité. Pour donc avoir ce respect dans une société, elle doit commencer par se le donner elle-même…
  7. Pour paraphraser Salluste[5], la femme doit travailler de toutes ses forces à ne point passer sa vie dans un obscur silence, comme font les animaux que la nature à pencher vers la terre et a asservis à leur estomac. Différente d’eux, la femme peut (doit) prendre la position debout afin de « cueillir, dès aujourd’hui, les meilleurs fruits de la vie » (Lucrèce). Debout, elle est appelée à s’affirmer dans la société et à brandir ses droits de femme. Car, « elle est de la Génération Égalité »[6]
  8. La femme est et sera toujours « l’âme de la société », car elle transmet la vie. Elle joue le rôle de « mère génitrice », détentrice du secret de fécondité de la terre. Certains peuples, vont jusqu’à la considérer comme une « délégation divine » : celle qui détient le secret de la vie et de la mort. La femme en donnant (transmettant) la vie, représente une place imposante dans la société. Ne pas respecter une femme, l’opprimer dans certains domaines de la vie en société, est une réalité inhumaine et cruelle à décourager. La femme en Afrique est épouse et mère, et est estimée en fonction de ses maternités.
  9. Dans cette lutte, la femme ne doit point perdre de vue sur son rôle (naturel) ultime en ce monde : donner, respecter et faire respecter la vie. En donnant et en luttant pour la vie, l’on se rend compte que le rôle de la femme est d’abord « maternel », non au sens d’une génitalité incontrôlée, mais au sens où elle donne vie et veille à la sauvegarder.
  10. Certaines femmes se donnent le luxe de mettre au monde de manière irresponsable et inhumaine. En cela, il appert un non-respect à la vie qu’elles donnent. Certains enfants, fruit de cette maternité incontrôlée et irresponsable se voient délaisser, abandonner sur la rue et à leur triste sort. Pourquoi mettre au monde de manière irresponsable ? Pourquoi ne pas, sérieusement, planifier les naissances afin de respecter et de faire respecter la vie ? La femme africaine doit se tenir finalement debout et mettre fin à ces attitudes inhumaines, afin qu’elle soit cette « âme » dont les sociétés africaines ont éperdument besoin, un « atout » dans le développement africain.
  11. In fine, la femme est celle qui donne vie et lutte pour que cette vie puisse s’accomplir et se réaliser en plénitude. La femme peut bien être une actrice, aux côtés de l’homme, du développement intégral de l’humanité africaine. La femme africaine peut (doit), finalement, se tenir debout et contribuer au changement de la face de terre africaine. La femme peut contribuer à la réparation de notre Afrique en panne[7]


[1] Mettre en crise le machisme ne signifie pas que le féminisme doit prendre le dessus, mais plutôt restituer à la femme sa dignité de femme ; la valoriser et glorifier son rôle de mère et de première éducatrice ; reconnaitre son importance et ses qualités.

[2] La Germanie ou L’Origine et le Pays des Germains, est un court traité de l’historien Tacite écrit aux alentours de l’an 98 (ap. J.-C.) et consacré aux tribus germaniques vivant au-delà des frontières de l’Empire romain.

[3] Tacite : La Germanie, (XIX, 1), Traduction de Danielle De CLERCQ, Bruxelles, 2003. Disponible sur le site : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/GERM/gt-16-19.htm#XIX

[4] Matrone est un nom commun qui vient du latin matrona, de mater qui, au sens romain du terme veut dire : femme mariée à un citoyen romain ou mère de famille.

[5] Salluste ou Gaius Sallustius Crispus, est un homme politique, écrivain et historien romain. Pour la phrase citée, voir le prologue de son traité La conjuration de Catilina.

[6] Cf. Le Thème de la Journée internationale des femmes 2020 « Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes ».

[7] Cf. J. Giri : L’Afrique en panne. Vingt-cinq ans de ‘’développement’’, Paris, Karthala, 1986.

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